L’IA au travail : pourquoi votre PME doit former pour gagner en productivité

Vous avez investi dans des outils d’IA. Vos équipes les utilisent. Alors pourquoi la productivité n’explose pas ? Pourquoi le ROI reste timide ? Pourquoi certains de vos meilleurs talents envisagent déjà de partir ?

L’enquête EY « Work Reimagined » 2025 livre une réponse troublante : 91 % des salariés français déclarent utiliser l’IA au travail, mais seulement 27 % en font un usage quotidien. Entre la déclaration et la réalité, il existe un gouffre de 64 points de pourcentage. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Ce qui change pour les PME et TPE : avoir l’IA n’a jamais été aussi facile. L’exploiter vraiment ? C’est une toute autre histoire — et c’est exactement ce que vous avez besoin de savoir pour ne pas gaspiller votre investissement.

L’écart d’adoption : le diagnostic

Le grand paradoxe : l’IA partout, sauf dans la vraie vie

Imaginez cette situation : vous achetez un outil IA performant, investissez dans les licences, lancez un projet pilote. Deux mois après, vos équipes l’utilisent… pour faire des résumés d’emails et des recherches basiques. Pas faux, mais terriblement sous-exploité.

C’est exactement ce que montre l’étude EY. Voici les chiffres :

• 49 % des utilisateurs ne font que de la recherche d’informations (ce qu’ils faisaient déjà sur Google)
• 39 % génèrent des résumés (tâche répétitive, peu valorisante)
• Seulement 3 % mobilisent plusieurs outils IA de façon avancée — et génèrent jusqu’à 1,5 jour de productivité gagnée par semaine

La traduction pour votre PME : vous avez payé 100 % du prix d’une solution IA. Vous n’en exploitez que 3 % du potentiel.

Pourquoi ce décalage persiste

Trois raisons structurelles :

• Pas de formation structurée. Seulement 14 % des salariés français estiment recevoir une formation suffisante à l’IA. En TPME, c’est souvent pire : un webinaire d’une heure, une fiche PDF, et « débrouillez-vous ».
• Confusion entre disponibilité et maîtrise. Vous installez l’outil. Vos équipes pensent « je sais l’utiliser » après avoir généré trois résumés. Mais le vrai potentiel IA — l’analyse prédictive, l’automatisation multi-outils, l’optimisation processus — reste verrouillé.
• Culture d’organisation non prête. Une nouvelle technologie ne se déploie pas seule. Elle demande une réorganisation des workflows, une clarification des rôles, une redéfinition de ce qu’on attend de chacun. 52 % seulement des salariés français sentent que la culture IA s’est améliorée dans leur entreprise.

Résultat : vous avez l’outil, pas la transformation promise.

Formation + accompagnement = vraie productivité

Le chiffre qui change tout

Voici la donnée qui illustre le potentiel réel :

Les salariés avec 81 heures de formation annuelle en IA gagnent 9 heures de productivité par semaine.

Extrapolons : 9 heures x 52 semaines = 468 heures gagnées par an par personne. Pour une équipe de 10 personnes, c’est l’équivalent d’une personne à temps plein supplémentaire. Entièrement gratuite.

Mais cette formation ne peut pas être approximative. Elle doit être :

• Structurée et étalée : 81 heures, c’est environ 2 heures par semaine pendant un an, pas un bootcamp d’une semaine
• Contextuelle au métier : former un DAF à l’IA financière, un commercial à l’IA de prospection
• Accompagnée d’une stratégie d’utilisation : montrer les cas d’usage concrets, les workflows à modifier
• Liée à une stratégie de fidélisation : car la formation crée une vraie valeur chez vos collaborateurs

Le piège caché : la fuite de talents formés

Ici, l’enquête soulève une problématique redoutable : 35 % des salariés ayant reçu une formation en IA envisagent de quitter leur entreprise.

Pourquoi ? Parce qu’en montant en compétences, ils deviennent plus attractifs pour la concurrence. Et si leur employeur ne les valorise pas (augmentation, responsabilités, environnement de travail), ils ne verront aucune raison de rester.

Le paradoxe : vous formez vos talents pour augmenter votre productivité. Mais sans stratégie de rétention, vous les formez pour vos concurrents.

Pour les PME, c’est critique. Vous ne pouvez pas vous permettre de recycler une personne tous les 18 mois. Cela signifie que votre stratégie IA doit inclure :

• Un plan de carrière clair valorisant les nouvelles compétences
• Une rémunération compétitive (les talents IA sont demandés)
• Un environnement de travail flexibilisé (attente clé des salariés formés en IA)
• Une reconnaissance interne (rôle de référent, de mentor, d’évangéliste IA)

Trois pièges à éviter en PME

Piège 1 : Acheter l’IA sans acheter la formation

Ce que font 70 % des PME :

• Budget serré
• Achat de l’outil = 100 % du budget alloué
• Formation = « gérez-vous entre vous »

Résultat : l’outil s’endort. Vous dépensez sans ROI.

À faire : budgétez 30 % pour l’outil, 70 % pour la formation et l’accompagnement.

Piège 2 : Former sans gouvernance

Ce que font les PME bien intentionnées :

• Lancer une formation générique IA
• Laisser chacun appliquer comme bon lui semble
• Pas de suivi, pas de tableau de bord, pas de KPI

Résultat : 33-44 % des salariés utilisent des outils IA personnels (shadow IA), contournant vos processus de sécurité et de conformité.

À faire : établir une gouvernance claire (quels outils autorisés, comment, où, avec quelles données).

Piège 3 : Oublier les freins psychologiques

Ce que dit l’enquête :

• 37 % des salariés craignent une perte d’emploi liée à l’IA
• 31 % craignent l’érosion de leurs compétences humaines
• 58 % perçoivent une augmentation de leur charge de travail (pas une diminution)

À faire : accompagner la montée en compétences d’une communication rassurante, montrant que l’IA est un partenaire, pas un remplaçant.

Cas d’usage : la PME finance

Imaginons une PME de 25 personnes avec une DAF et 2 collaborateurs finance.

Situation actuelle :

• Rapprochements bancaires manuels (3h/semaine)
• Génération de reporting mensuel (5h/semaine)
• Saisie de factures fournisseurs (7h/semaine)
• Total : 15 heures/semaine sur des tâches répétitives

Avec une stratégie IA structurée :

• Outils IA sélectionnés : automatisation facturation, IA analytique pour les anomalies
• Formation 3 mois : 2h/semaine pour les 3 collaborateurs
• Implémentation progressive des workflows
• Résultat attendu : 8 à 10 heures gagnées/semaine

Avantage : les 3 collaborateurs se concentrent sur l’analyse, la stratégie trésorerie, la relation avec l’audit.

Risque sans gestion : les 2 collaborateurs finance, désormais plus productifs et plus compétents, reçoivent une offre de cabinet conseil. Ils partent. La DAF se retrouve seule avec des outils à gérer.

Solution : un plan de carrière montrant que dans 12 mois, le plus junior peut accéder à un rôle d’analyste financier (au lieu d’être simple technicien).

Conclusion

L’IA n’est pas un problème technologique en France. C’est un problème de capacité organisationnelle, de formation structurée et de stratégie RH cohérente.

Les chiffres sont clairs :

• Avoir l’IA ≠ l’exploiter
• Disponibilité de l’outil ≠ maîtrise réelle
• Formation sans rétention = perte d’investissement

Pour transformer cet écart en opportunité, les PME doivent :

1. Diagnostiquer le vrai niveau d’adoption (au-delà des déclarations)
2. Structurer une formation adaptée à leurs métiers et leurs équipes
3. Accompagner la mise en œuvre progressive et mesurée
4. Sécuriser la fidélisation des talents formés

Vous avez des questions sur la vraie productivité IA en PME ? Parlons de votre situation.

Article basé sur l’étude EY « Work Reimagined » 2025. Chiffres : août 2025.